Starewitch, Schnabel, Basquiat, Dylan et Lang !

 

   Voici une grande nouvelle, grâce à un spectateur attentif et cinéphile présent lors de l’avant-première des Fables de Starewitch d’après La Fontaine au Max Linder le 6 février 2011 qui s’est souvenu avoir déjà vu certaines images quelque part…

Ladislas STAREWITCH, Julian SCHNABEL Jean-Michel BASQUIAT, Bob DYLAN, Fritz LANG… Quelle association !

Les Grenouilles qui demandent un roi, 1922, L. Starewitch

   Et pourtant ces artistes sont bien présents dans le film de Julian Schnabel Basquiat, réalisé en 1996. Dans cette fiction consacrée à Jean-Michel Basquiat, Julian Schnabel inclut dans une séquence d’environ quatre minutes une dizaine de plans du film de L. Starewitch Les Grenouilles qui demandent un roi, 1922. La bande son de cette séquence propose une chanson de Bob Dylan interprétée par Van Morrison et les Them It’s all over now Baby Blue.
   L. Starewitch ne paraît pas au générique (seule la mention Frogland by the Russian Art Society of Paris), mais il n’y a absolument aucun doute sur l’auteur de ces images. Par ailleurs Julian Schnabel recourt à des extraits d’autres films comme Métropolis de Fritz Lang qui, lui, paraît bien au générique.
   Quel sens donner à ces images dans ce contexte ? Pourquoi cet extrait d’un film de L. Starewitch dans ce film consacré à un des grands artistes de la scène new yorkaise des années 1980 où on retrouve Julian Schnabel lui-même en tant que peintre, Andy Warhol, Denis Hopper, etc… C’est évidemment un hommage, quelques pistes plus précises se dessinent… Cette correspondance établie entre Starewitch et Dylan est en plus un grand plaisir.
   C’est la question du pouvoir qui est au centre de cette séquence du film de J. Schnabel, le pouvoir dans le couple, le pouvoir dans la société.
  Cela confirme notre idée de l’influence de L. Starewitch essentiellement dans les milieux anglo-saxons mais, là, il ne s’agit plus seulement du milieu du cinéma ce qui ouvre une perspective toute nouvelle.

   Déjà à la fin des années 1920 L. Starewitch participait à des projections présentant l’avant-garde du cinéma français et en cette fin de vingtième siècle l’avant-garde américaine l’accueille à nouveau. Rappelons que Starewitch innova dans la création de certaines images du cinéma connues de tous comme Nina qui se débat dans la main d’un monstre (L’Horloge magique, 1928) quelques années avant King Kong, ou cet éléphant qui vole (Le Lion devenu vieux, 1932) un peu avant Dumbo, ou bien encore dans cette idée d’éclairer de l’intérieur la lune manipulée par le diable (La Nuit de Noël, 1912) plusieurs décennies avant le fameux verre de lait de Suspicion (1941) d’Alfred Hitchcock. Son influence déjà connue sur T. Burton, H. Selick, W. Anderson lui fait à nouveau dépasser avec J. Schnabel l’horizon du cinéma d’animation et du cinéma dans son ensemble pour rejoindre l’art dans ses formes les plus diverses. Les trois premiers ne sont d’ailleurs pas seulement des cinéastes d’animation (Ils ont réalisé des films avec acteurs, T. Burton a exposé ses dessins...).
   La grande importance de L. Starewitch dans cette histoire du cinéma reste encore largement à mesurer…
   Nous connaissons l’origine de la copie du film Les Grenouilles qui demandent un roi dont s’est servi Julian Schnabel, nous sommes intéressés par toute information qui approfondit cette relation entre L. Starewitch et ces artistes comme l’intérêt de Julian Shnabel pour Ladislas Starewitch.

   Nous remercions grandement Laurent L. qui nous a mis sur cette piste après avoir assisté à l’avant-première des Fables de Starewitch d’après La Fontaine le 6 févier 2011 au cinéma Max Linder.

 

Les références du film de Julian Schnabel : Basquiat, 1996. Eleventh Sheet Production.
Dédié à « Mon ami Joe Glascoe ».

Fiction, avec : Jeffrey Wright, David Bowie, Denis Hopper, Claire Forlani…
Titre original : Built a fort, set it on Fire.

Distributeur : Miramax Films / Pyramide.
Date de sortie : 26 mars 1997.

Voir la séquence du film !     (de mauvaise qualité ici)

Le film : la séquence commence à 26’38

 

Première publication le 11 mars 2011. F. Martin