Les Fables de Starewitch d’après La Fontaine - Revue de presse

Revue de presse !

Les Fables de Starewitch d’après La Fontaine

AFP : « Un chef d’œuvre… » Anne Chaon.
AFP, 9 février 2011

Radios

France Inter : « On est à la confluence de tous les cinémas, de toutes les cinématographies, de toutes les influences, de toutes les origines… Ca nous vient du passé… c’est beaucoup plus moderne que certaines visions en 3D. Chouette un bon film ! »
On aura tout vu, samedi 12 février 2011, Christine Masson et Laurent Delmas. Ecouter l'émission La critique du film est vers la fin.

France Culture : « Il faut absolument emmener vos enfants, et même aller tout seul voir les cinq fables de la Fontaine de Starewitch… Si vous avez aimé le film de Wes Anderson Fantastic Mister Fox, tout vient de là… Ce sont des adaptations très festives et en même temps très émouvantes. Je vous recommande Le Lion devenu vieux, il n’y a pas un mot, pas un carton, et on est bouleversé à la fin… C’est un très, très grand maître à découvrir ou à redécouvrir.»
La Grande Table, mercredi 9 février. Ecouter l'émission. La critique du film se situe entre la 24 et 29èmes minutes

France Culture : « Le cinéma a une histoire et voir ressurgir près de quatre-dix ans plus tard certains de ses joyaux, c’est une très, très grande émotion à partager en famille.»
Les Matins, La Chronique d’Arnaud Laporte, lundi 7 février 2001.

RFI : Cinéma d’aujourd’hui, samedi 12 février, Catherine Ruelle. Ecouter l'émission L'émission commence avec Béatrice. « Un étonnant film par le virtuose du cinéma d’animation qu’était Ladislas Starewitch.»

Les fables de Starewitch, d’après La Fontaine
   "Un étonnant film d’animation composé de six courts-métrages, dont les scénarii sont inspirés des fables de la Fontaine, réalisés entre 1922 et 1932 par le virtuose du cinéma d’animation qu’était Ladislas Starewitch. Premier à faire entrer le cinéma à la cour du tsar en 1910, Ladislas Starewitch exilé en France après la révolution d’octobre, était le grand maître des ciné-marionnettes, des marionnettes de bois entièrement articulées, recouvertes de peau de chamois, soigneusement habillées et animées image par image : une journée de travail pour dix secondes de film !!! Des œuvres d’une poésie incroyable à voir et à revoir, grâce au travail colossal de restauration entrepris par sa petite-fille Béatrice Martin Starewitch et son mari, depuis une vingtaine d’années, et qui avait déjà permis de revoir Les Contes de l’horloge magique en 2003. Un des courts-métrages intitulé Comment naît et s’anime une ciné-marionnette permet de découvrir le travail minutieux et imaginatif du réalisateur."

 

Radio Campus : La Matinale de 19 heures, le mardi15 février 2011.
Matthieu et David reçoivent Léona Béatrice Martin-Starewitch et François Martin Ecouter l’émission

Radio Libertaire : Bulles de rêves a reçu Léona Béatrice Martin-Starewitch le 22 janvier 2011.

TV

Antenne2 : « Des rêves, Ladislas Starewitch en avait plein la tête… Des petits bijoux de fantaisie.»
JT 13 heures, vendredi 11 février 2011. Pascale Deschamps.

Quotidiens

Le Figaro : « De pures merveilles… à la fois des trésors cinématographiques et des merveilles d’humour, de fantaisie, de gravité aussi. On est frappé par l’esprit d’avant-garde, l’ingéniosité, l’audace technique de ces réalisations comme du propos… Starewitch, star de l’animation image par image… » Emmanuèle Frois.
Le Figaro, mercredi 9 février 2011

Le Monde : «… on entre dans le domaine du chef-d’œuvre patrimonial… c’est à une troublante réjouissance des sens et de l’esprit que nous invite ce génie de la marionnette… nul mieux que Starewitch ne révèle le pantin social qui porte le nom d’homme, et ne revivifie l’insondable cruauté des fables de La Fontaine.» Jacques Mandelbaum
Le Monde, mercredi 9 février 2011.

Libération : « Un travail énorme que Starewitch menait en insufflant à ses créatures fabriquées le même tonus et la même gaieté que les acteurs de chair et d’os du slapstick américain. Le film Le Rat de ville et le rat des champs vaut à lui seul le déplacement avec ses animaux endimanchés et en panique poursuivis par un vrai chaton. »
Libération, mercredi 9 février 2011.

Direct Matin Plus : « Ladislas Starewitch a marqué le septième art au même titre que Walt Disney. »
Direct Matin Plus, mercredi 9 février 2011

Ouest France : « Une rareté… Un processus d’animation qui a beaucoup émerveillé et influencé Tim Burton, Terry Gilliam ou Wes Anderson… »
Ouest France, mercredi 9 février 2011

20 Minutes : « En cinq contes…, on découvre la magie d’un maître de l’animation… Leur poésie a passé l’épreuve du temps. »
20 Minutes, mercredi 9 février 2011

Hebdomadaires

La Vie : « … chef d’œuvre restauré de notre patrimoine cinématographique… chefs d’œuvre d’ingéniosité et de poésie… De 7 à 77 ans.»
La Vie, jeudi 10 février 2011

L’Express : « Pour Tim Burton, Ray Harryhausen ou Wes Anderson, Ladislas Starewitch est un exemple, un maître, un génie. Ses adaptations des fables de La Fontaine… gardent une inventivité et une magie hors du commun.»
L’Express, n° 3110, semaine du 9 au 15 février 2011, cahier n°2.

Le Figaro Magazine : «… la couleur s’unit au noir et blanc, le muet à la musique de Jacques Cambra, conférant à l’ensemble un charme indéniable… Loin d’Hollywood et de ses effets spéciaux. Tant mieux. » Sarah Belmont.
Le Figaro Magazine, 5 février 2011.

Le Figaro Scope : Coup de cœur : « des trésors d’invention et de créativité… ». Emmanuèle Frois
Le Figaro Scope, mercredi 9 février 2011

Le Journal du Dimanche : « Génial bricoleur du 7ème art… Dûment restaurées et ravivées par une musique entêtante, ces cinq fables présentent tous les atouts pour charmer petits et grands… loin de la froide perfection du cinéma d’animation numérique… »
Le Journal du Dimanche, 6 février 2011.

Le Monde Magazine : «… Il y a plus de poésie et de grâce dans un seul plan de La Cigale et la fourmi ou Le Lion devenu vieux que dans les milliards de pixels offerts aux enfants pour les vacances…  Ses créatures vivent d’une vie organique, d’un naturel saisissant, qui crève les barrières du noir et blanc et du muet…» Thomas Sotinel.
Le Monde Magazine, 12 février 2011.

Le Point : « Absolument fabuleux ! On crie rarement au génie, mais on vous assure que Ladislas Starewitch en est un… Il a renouvelé dans les années 1920-1930 un de nos patrimoines les plus chers, les fables de La Fontaine… l’invention est totale, stupéfiante, tantôt drôlissime, tantôt poignante… » François-Guillaume Lorrain.
Le Point.fr, 6 février 2011.

Marianne : « Ne pas se priver d’un programme insolite de brefs enchantements…   des figurines incroyablement expressives « jouent » des fables dont l’irrésistible (et très politique) Les Grenouilles qui demandent un roi et déploient avec humour une grande liberté. » Danièle Heymann
Marianne n° 720.

Pariscope : «… des chefs d’œuvre de virtuosité manuelle et de poésie…  Copies restaurées, musiques originales ou créations de Jacques Cambra : un beau travail pour rendre hommage à ce magicien… ». Virginie Gaucher.
Pariscope, mercredi 9 février 2011.

Télé Ciné Obs : « La restauration aidant, on (re)découvre aujourd’hui un art d’une pureté immaculée. Il se dégage en particulier du Rat de ville et du rat des champs une pureté parfois égalée mais jamais dépassée… Aucune technique ne parviendra à égaler la bouleversante innocence des films de Starewitch. » J. P. G.
Télé Ciné Obs, jeudi 10 février 2011.

Télérama : «  La Cigale et la fourmi ou Le Lion et le Moucheron impressionnent toujours par leur inventivité… Starewitch multiplie trucages et astuces... Après une heure passée en compagnie des drôles de bestioles du magicien, les enfants risquent fort de regarder leurs peluches d’un autre œil.» Jérémie Couston. Lire...
Télérama, mercredi 9 février 2011.

Valeurs actuelles : « Original… un univers personnel, très poétique… On ne peut être qu’impressionné par la force des images puissantes et très inventives de La Cigale et la fourmi, la plus éclatante réussite de ce programme. » L. D.
Valeurs actuelles, jeudi 10 février 2011

Mensuels

Air for Kids : « … la fantaisie et la modernité de Starewitch… feront briller les yeux des petits. »
Air for Kids, n°  16, février 2011

Les Fiches du cinéma : « Présentées ici au plus près de leur aspect d’origine, restaurées avec un soin méticuleux et un respect visible des intentions de l’auteur… ces réinterprétations de cinq fables de La Fontaine sont un régal de cinéphiles… Les jeunes spectateurs seront sans doute émerveillés par ces marionnettes articulées… auxquelles la virtuosité de Starewitch donne une vie et une expressivité que le numérique peut leur envier. Saluons le travail formidable de la BO dans laquelle le compositeur Jacques Cambra intègre les musiques d’origine de 1932.
   Alliance d’exigence formelle et artistique, ce programme est passionnant. »
M. D.
Les Fiches du cinéma, n° 2003, 2 février 2011

Première : « … adaptation très libre, drôle et inventive… L’aspect primitif des images ne fait qu’ajouter à leur charme de ces temps de froide perfection numérique… » Gérard Delorme.
Première, février 2011.

Studio Ciné Live : « Avant Burton-Selick ou Wes Anderson, il y eut Starewitch… La magie et la poésie de ces cinq bijoux ne font pas oublier l’incroyable modernité de l’ensemble. Une oasis de bonheur animé. » T. C.
Studio Ciné Live, janvier 2011. 

Bimestriels

Paris-Mômes : « Il n’est jamais trop tôt pour d’initier à la cinéphilie… un brin expressionnistes, parfois surréalistes, souvent expérimentaux, drôles et mélancoliques à la fois : tels sont les films de Ladislas Starewitch. Assurément fascinants. On comprend pourquoi des cinéastes comme Tim Burton ou Wes Anderson s’en réclament comme d’un maître. » M. B.
Paris Mômes, février-mars 2011.

Sites Internet

Animeland : « Un classique ! »

C pour les parents.com : « Attention miracle ! Le travail d’un génial artisan de la marionnette… A redécouvrir enfin ! »

Ma famille zen.com : « Un film d’animation surprenant. On retrouve dans ces cinq fables la fantaisie, l’humour, l’espièglerie et la tendresse de leur auteur ainsi que ses différentes influences : La Fontaine, le Moyen âge, les contes… Ces courts métrages, qui nous projettent aux tous débuts du film d’animation, sont pleins de charme, à la fois humoristiques et touchants. »

Tout le cinéma.com : « Beau et émouvant… Et lorsque le Lion devenu vieux, éjecté de son trône par des renards aux grandes ambitions, se souvient avec nostalgie d'une princesse d'Orient enlevée en pleine nuit, sur le dos d'un éléphant volant, toute la fantaisie de l'image et la mélancolie du sujet éclatent à l'écran, surprenant le spectateur en le bouleversant, presque par surprise.
   L'image est restaurée, et les couleurs de l'époque sont reconstituées, donnant, pour certains passages une teinte orange ou bleue particulière. Les films, muets, comportent une bande son revisitée par Jacques Cambra, qui intègre la voix de Léona-Béatrice Martin-Starewitch, lisant quelques vers de La Fontaine pour accompagner les images de son grand-père.
   Au final, le projet ravit un public large, semblant si nouveau et novateur aux plus jeunes, et apportant, aux autres, un souffle de nostalgie. L'initiative est donc à saluer, et le résultat est tout simplement émouvant. »
Anne-Charlotte Waryn

Zero de conduite.net « L’occasion est tellement rare de voir au cinéma les films de ce pionnier de l’animation image par image… Les imperfections font toute la magie des films de Starewitch comme l’avait bien compris Wes Anderson (tenant à conserver le fourmillement inévitable des fourrures manipulées d’un plan à l’autre par les animateurs)...»

Rough Dreams : "On crie rarement au génie, mais on vous assure que Ladislas Starewitch en est un..."

LePost : "Retour aux sources de l'animation..."

   Et pour finir, un très bel article illustré de Fleur Chevalier qui présente le film et son auteur sur le site Il était une fois le cinéma ! « Au fond, Starewitch n’a jamais vraiment été léger, bien qu’il fût facétieux, et c’est probablement son espièglerie qui confère à ses films une fraîcheur finalement déstabilisante. » Avec une interview de Léona Béatrice Martin Starewitch.
   Voici l'article de Fleur Chevalier :

   "Famille nombreuse, famille heureuse ! Léona-Béatrice adore son grand-père. Elle le réanime pour nous à l’occasion de la sortie en salle de ses « Fables », fraîchement restaurées. Il était une fois… les dessous coquins de Starewitch, amateur éclairé d’insectes et de jupons !
   Ladislas Starewitch est un monument méconnu du cinéma d’animation. Et pourtant, qui ignore Tim Burton, Terry Gilliam… ou encore le Fantastic Mr. Fox tout récemment couronné de succès de Wes Anderson ? La liste de ses émules est si longue qu’on ne pourrait la dresser ici entièrement !
   Ladislas Starewitch est tout simplement l’un des pionniers historiques de l’animation image par image. Intimidés ? Que nenni ! Ladislas Starewitch était aussi bon vivant, il aimait se faire de nouveaux amis. Il a d’ailleurs consacré sa vie entière à la fabrication de nouveaux colocataires, repeuplant ainsi constamment sa demeure, chaque jour un peu plus envahie de marionnettes… Certaines avaient la chance de tourner plusieurs fois, d’autres, victimes des feux de la rampe ou esquintées par le temps, ont dû être immolées afin d’abréger leur souffrance. Car Starewitch prenait grand soin de sa tribu. Sa femme Anna cousait les costumes, quand sa fille cadette Jeanne, alias « Nina Star », jouait dans les films, pendant que l’aînée, Irène, suturait les vedettes naines, et l’assistait consciencieusement…
  Chaque geste était mesuré, chaque costume, impeccablement taillé, chaque poil, élégamment brossé, et chaque moustache, soigneusement lissée. L’indignation d’une grenouille, la cruauté d’une cigogne, la trouille d’un lapin, le haussement de sourcil d’un lion, l’arrogance d’un moucheron, ou le moindre rire chevalin demandait plusieurs prises pour acquérir expressivité et crédibilité à l’écran. Dans ces conditions, faire danser une cigale devient un travail titanesque : six pattes à articuler, en admettant que deux jouent du violon, on arrive quand même à une belle palette de postures successives pour rendre un seul mouvement. Imaginons alors un bal d’insectes, accompagné de son orchestre… Starewitch ne devait pas avoir besoin de compter les moutons avant de s’endormir. Il lui suffisait d’évaluer mentalement tous les retroussements de babines nécessaires pour faire chanter, la canine à l’air, un vilain chat borgne. L’équation est élémentaire. Une image équivaut à une fraction de geste. Une marionnette égale une armature articulée en bois, recouverte de peau de chamois rembourrée de paille (de préférence, car la mousse vieillit mal). On les place dans des décors, peints ou en relief. Pour les plans éloignés, on fabrique des versions miniatures du même personnage, selon l’échelle souhaitée.

   Malgré le côté exceptionnel et méticuleux de son travail de fourmi, on aurait toutefois tort de le tenir à l’écart des innovations de son époque. Les surimpressions féeriques de L’Horloge magique (1928) nous rappellent un Méliès, alors que l’œuvre scientifico-surréaliste de Jean Painlevé (1) semble répondre à sa fascination pour la biologie. Issu d’une famille d’artiste, il réalise ses premiers films en Russie, avant d’émigrer en France en 1920, suite à la révolution bolchévique. Sa vocation le rattrape bien tôt lorsqu’il tourne son premier film d’animation : un documentaire sur la vie des insectes pour le musée ethnographique de Kovno en Lituanie, avec des scarabées naturalisés, filmés image par image (2). Tout mène à tout ! Passionné d’entomologie et d’ethnologie, et curieux à tous points de vue, les films d’animation qui suivirent nous prouvent surtout que Starewitch puisait son inspiration dans l’observation bienveillante des petites manies de ses contemporains, qu’il croque avec humour, sans pour autant y sacrifier la poésie. La ressortie de ses Fables, inspirées d’un La Fontaine revitalisé, en témoignent. Si Le Rat de ville et le rat des champs (1926) ou La Cigale et la fourmi (1927) respirent le jazz et les mondanités des twenties, Les Grenouilles qui demandent un roi (1922), moins anecdotique, creuse le filon d’une douce satire politique, tirant presque sur la caricature dans Le Lion et le moucheron, puis Le Lion devenu vieux (1932). Le foisonnement de détails et la jovialité cèdent alors la place à un regard plus perçant, dont on peut flairer les signes annonciateurs dans La Cigale, où la fourmi peu indulgente, certes besogneuse et méritante, laisse tout de même crever sa camarade sur son pas de porte. Ou quand le marxisme vaut bien le capitalisme : on a que ce qu’on mérite, "ma bonne dame" ! Si ses films sont destinés autant aux adultes qu’aux enfants, il ne faut pas pour autant les cantonner au rêve naïf et à l’innocence. Les grenouilles ne se sont toujours pas remises de leur fatuité, mais elles ont fait le régal d’une cigogne impitoyable… Au fond, Starewitch n’a jamais vraiment été léger, bien qu’il fût facétieux, et c’est probablement son espièglerie qui confère à ses films une fraîcheur finalement déstabilisante.
   Léona-Béatrice Martin-Starewitch, non contente de prêter sa voix aux Fables (comme chez tout bon mafieux, on trafique en famille), ressuscite pour nous son grand-père, tout en s’inquiétant néanmoins : « C’était quelqu’un d’extrêmement vivant, il ne faut surtout pas l’enterrer et j’espère ne pas avoir un discours qui l’enterre. » Rassurons-la donc, et clamons le haut et fort, car – nous l’avouons ici en exclusivité – Starewitch n’est jamais mort : longue vie à Starewitch !

Je suis frappée par la diversité des marionnettes, et fascinée par le côté vivace de son travail. J’ai beaucoup de questions à vous poser, du coup, sur votre grand-père ! Une certaine malice se dégage de son oeuvre… J’ai lu qu’il avait un caractère bien trempé. Je suis fascinée par ses insectes… Les gros yeux de la fourmi, ça m’a beaucoup faite rire ! D’où lui vient cette passion pour l’entomologie ?
   De son enfance... Il vivait en Lituanie avec ses tantes. Son père était à Moscou, et il faisait ce qu’il voulait dans la maison. Il était toujours dans le jardin avec les animaux, à étudier la vie.

J’ai vu qu’il s’était fait renvoyer de l’école aussi…
   Il était passionné par la nature. Et quand son père lui a trouvé un travail au cadastre, il ne tenait pas en place. Il a commencé ses premiers films en filmant le Niemen (3). Il aimait tout ce qui était folklorique, ethnographique. Il dessinait des costumes… Il touchait à tout pour gagner sa vie. Il écrivait dans les journaux. On lui a demandé de dessiner des vitraux. Il y en a un où il a réussi à se mettre en ange ! Il caricaturait les moines et les prêtres en les représentant en diables. Il progressait dans tous les domaines. Il avait une collection de papillon extraordinaire. Dans
Le Lys de Belgique (1915), un grand-père raconte l’histoire de la Belgique opprimée à sa petite fille, ma tante : on les voit ensemble devant un grand mur de papillon, c’est du Starewitch tout craché. Il a laissé une collection de papillons extraordinaire, et il en recevait du monde entier. Quand ses marionnettes ne tournaient plus, il les mettait dans des vitrines d’entomologiste. Il avait aussi une extraordinaire collection d’animaux empaillés. Pour tourner La Voix du rossignol (1923), il a acheté des animaux empaillés, les a observés, puis reproduits. Dans les années 1960, il m’a amenée dans le jardin et on a brûlé là des grues, des renards, des chats, de nombreux animaux empaillés dont il savait qu’ils ne retourneraient plus. Ceci dit, quand j’apportais un jouet qui l’intéressait, il me l’échangeait contre une marionnette !

Il en faisait quoi après ?
   Il l’utilisait dans un film !


Dans quels films, par exemple ?
   Dans les années 1950, il y a la série des
Gazouilly, le petit oiseau, Carrousel Boréal (1958) ou après Comme chien et chat (1965). Mais là, on voit ma main dans le décor alors que je suis en train d’installer une marionnette… Le film est resté inachevé. Dans Carrousel Boréal, son dernier film achevé, on retrouve toute la fraîcheur et toutes les notions d’harmonie et du renouveau de la vie qu’on pouvait déjà observer en 1911 dans Le Noël des insectes. Le père Noël y descend sur la glace et, spontanément, fait surgir sapin, cadeaux, etc., pour que des Hannetons viennent tremper des biscuits, faire des galipettes… Ça c’est pour la partie hivernale, car dans Carrousel Boréal, les quatre saisons sont racontées. Ayant vécu beaucoup de choses tristes, il était tout de même capable de propager à l’écran cette grande fraîcheur…

Il a vécu énormément de revers politiques, et ça l’a probablement rendu très critique. Il a dessiné des caricatures en 1910, pour un journal (4). On perçoit l’acuité de son regard dans les expressions de ses personnages : le vieux lion a un côté très caricatural justement. La Cigale et la fourmi, dans sa première version de 1911, a été le premier film projeté à la cour du Tsar Nicolas II, paraît-il ?
   Absolument…

Ayant réussi à pénétrer ce milieu, quel regard pouvait-il porter sur la cour ? Est-ce qu’il en parlait ?
   Avec moi, non. Ce n’était pas un grand bavard et il ne me parlait qu’en russe pour que j’apprenne la langue. J’ai d’ailleurs su très tard qu’il parlait français ! Puis j’étais une petite fille… Je pense que jamais les Tsars ne l’ont intimidé, ni rien de tout cela. Il vivait très bien de son art. Prenez
La Cigale et la fourmi de 1927 : il y avait treize couleurs dedans. Quand on a restauré le film, le laboratoire m’a dit : c’est incroyable l’argent qu’il devait avoir pour avoir autant de couleurs différentes à l’époque ! Il ne se posait pas trop de questions : il partait en vacances l’été avec sa famille, dans de beaux hôtels, parfois… Au Negresco, il a d’ailleurs rencontré un disciple de Freud, Otto Rank, qui l’a beaucoup marqué, et qui est ensuite devenu un véritable ami. L’Horloge magique a une dimension philosophique liée à cette rencontre. De l’argent, il en avait. On a réussi à soutenir ma tante Irène jusqu’au bout alors qu’elle est devenue aveugle, à force de coudre les marionnettes. Elle a réussi à vivre dans la maison-studio jusqu’à la fin de sa vie. J’en suis très contente car la boucle a été bouclée…

Je me posais cette question « sociale », car, dans
La Cigale et la fourmi, le contraste était marqué entre cette petite fourmi prolétaire et la cigale mondaine qui fréquente les bals…

   Il était les deux ! Il travaillait énormément pour faire ses films, et quand il partait en vacances, avec son appareil, il en profitait. Il adorait faire des photos dans la rue, et il avait inventé un viseur pour photographier les gens sans qu’ils s’en rendent compte. Il observait beaucoup les gens pour faire ses marionnettes. Pour ce qui est de la cour et des Tsars, j’ai lu dans son journal qu’il faisait tomber des roubles encollés. Lorsque les dignitaires ramassaient ces roubles, ils leurs collaient à la main. Ceux-ci passaient ensuite toute la soirée à « gratter leur rouble ». Ça le faisait bien rigoler ! Il aimait aussi beaucoup observer les femmes, dans les salons réservés aux dames. Il se déguisait donc en femme. Il avait de très belles jambes, qu’il mettait en avant… Un jour, il s’est fait courser par un gars qui ne voulait plus le lâcher !

Pas mal ! Ça vaut un film de Billy Wilder !
   Il a eu un mal fou à s’en dépêtrer ! Dans les Fables, un singe est grimé en femme. Pour moi, c’est la caricature de Starewitch par lui-même. Ce singe a un regard d’une profondeur extraordinaire !

Pour vous, ces films constituent un véritable album de famille… Vous avez vu pour la première fois votre mère petite dans ces films, après leur restauration ?
   Non, c’était avant. Ça a été un choc. On avait trouvé des films à Londres, dont
L’Epouvantail (1921). J’y ai vu d’un coup mon grand-père vivant alors qu’il était mort depuis des années. Et ma mère ! J’avais des enfants, et elle avait juste l’âge de ma fille… et c’était son portrait craché ! J’avais l’impression de voir ma fille à l’écran alors que c’était ma mère. A partir de ce moment-là, ils ont tous ressuscité…

C’est un sacré héritage que vous portez…

   J’ai toujours vécu avec eux. Et quand mon mari a découvert l’œuvre, il a été passionné aussi. Je n’aurais jamais pu tout faire seule. Avec ma tante, on a toujours préservé le matériel. Quand j’étais petite, je passais tout mon mois de juillet à aérer les bobines de nitrate pour ne pas qu’elles s’enflamment. Le fait de les avoir aéré régulièrement a permis de conserver des films de cette qualité. Les marionnettes, c’était pareil, mais avec la naphtaline.

Les institutions n’ont pas l’air de beaucoup vous appuyer non plus…
   On nous dit que c’est notre affaire. C’est d’autant plus flagrant ici qu’il s’agit de La Fontaine… Cela relève du patrimoine national ! De même, André Malraux avait dit que Starewitch était patrimoine national… Nous sommes avant tout des passeurs. Après les gens peuvent théoriser, et écrire ce qu’ils veulent. Il faut surtout que tout cela cesse de rester enfermer dans les meubles, pour éviter qu’au bout de vingt-cinq ans de travail on nous dise encore que le lion a une taille humaine !

C’est vrai, les marionnettes semblent minuscules après avoir vu les films en salle ! Vous avez raison, c’est un patrimoine important… Mais lorsqu’on regarde son œuvre, c’est très clos et harmonieux, on a l’impression qu’il évolue en autarcie dans le monde cinématographique. Il semble avoir conservé le même style toute sa vie. Il a bien dû subir des influences ! Lorsqu’il était en Russie, il a réalisé un film intitulé Un voyage vers la lune (1912)… Que représentait Méliès pour lui ?
   Méliès, je ne sais pas. Tout ce que je sais, d’après son journal, c’est qu’il a été amené à un russe qui montrait des films à trucages, qui lui aurait fait voir des allumettes animées. On pense que ce sont Les Allumettes animées (1908) d’Emile Cohl. On est persuadé que Cohl a été déterminant. Enfant, il dessinait toutefois déjà dans les marges de ses cahiers et les utilisait comme flip book pour animer les images. Il a repensé à ce procédé pour animer image par image ses Lucanus Cervus.

Plastiquement, ses films sont d’une qualité incontestable. On le voit bien dans
L’Horloge magique, avec ces surimpressions, le fondu de fleurs colorées… Je me suis demandée si en arrivant en France, il avait pu rencontrer des artistes comme Jean Painlevé, ou Man Ray.
   Certainement, c’était un grand artiste. Il se nourrissait aussi des autres. Il adorait Joséphine Baker, il y a des marionnettes à son effigie, et aussi à celle de Charlie Chaplin.
Amour noir et blanc (1923) est un hommage à Charlie Chaplin et aux courses-poursuites de l’époque.

On aurait tendance à le voir comme une exception alors qu’il est parfaitement intégré à tout ce qui se passait alors…
   Absolument ! Il tenait des conférences. De grands artistes assistaient aux premières des films. Par exemple, pour
L’Horloge magique, Paul Dessau avait fait la musique. Il travaillait seul mais était ouvert à tout.

Il a réalisé nombre de ses films dans les années 1930, c’était l’apogée de sa carrière. C’est aussi le moment du passage au son. Comment a-t-il géré le virage ?
   Il avait déjà anticipé le son. En 1929, il avait tourné
Le Roman de Renard avec les animations de la bouche. Tout était prévu pour la bande son… Seulement, le producteur, Louis Nalpas, a tablé sur le mauvais medium : le disque, qui a fait faillite. Le Roman de Renard s’est donc retrouvé au placard pendant dix ans. Au bout de ces dix ans, Starewitch a racheté tous les droits. Il s’est ensuite servi des marionnettes du Roman de Renard pour tourner deux fables
(5). Lorsque Nalpas a abandonné la production cinématographique, il a fait des yaourts. Il a offert sa première yaourtière à Starewitch… Ils se sont toujours bien entendus, malgré tout ! Par contre, à partir de là, il a commencé à se méfier un peu et à établir des contrats écrits. A l’époque, c’était souvent oral. Dans un film de Jacques de Baroncelli (6), il y a une séquence d’animation, où on voit le pauvre Crainquebille qui se fait écraser par la Justice. Starewitch n’a pas été mentionné au générique. Il y a aussi Chansons de Paris (7), où l’on voit un garçon de café qui boit dans la cave : les bouteilles tournent dans tous les sens. J’ai la photo de cet homme dans mes archives nitrate. Je revois la partie d’animation avec les bouteilles qui tournent… Mais malheureusement on a dû détruire un stock de nitrates qui s’étaient décomposés. Il me reste donc seulement la partie avec l’acteur, sur laquelle Starewitch avait juxtaposé la partie d’animation. Et il n’est toujours pas au générique. On recherche aussi tous les films publicitaires qu’il a fait dans les années 1930…

Des publicités ? Comme Oskar Fischinger
(8) !
   Oui !

On ne connaît pas bien sa période Russe non plus…
   Les Russes ont beaucoup de films qu’ils ont préservés.

Vous allez les racheter ?
   C’est compliqué… Pour cela il faut de l’argent. Déjà, les restaurations coûtent cher. Il faut compter environ 1600 euros pour une minute.

A cette période, il ne faisait pas que des films avec marionnettes, paraît-il, mais avec de vrais acteurs…
   Oui, il a fait tourner Mosjoukine du Théâtre russe. Dans
La Nuit de Noël, on le voit qui joue le Diable. Les grands artistes du Théâtre russe sont dans La Nuit de Noël (1912).

A quoi ressemblaient ces films ? Quels en étaient les sujets ?
   C’était des grosses gaudrioles ! Enfin, ça dépendait aussi des producteurs… Avec
La Nuit de Noël, on peut à nouveau citer Le Lys de Belgique, une belle allégorie sur l’invasion de la Belgique par les Allemands. Il a aussi fait des films de propagande, pour le comité Skobelev. Dont un, humaniste, qui explique au peuple qu’il faut aller voter…

C’est toujours d’actualité !
   On reconnaît toujours les films de Starewitch à ses cadrages très spécifiques : en rond, en éclaté, etc. Il faisait des caches, et il allait parfois jusqu’à réimprimer la pellicule onze fois dans des superpositions…

Oui, techniquement, il n’avait rien à envier aux films d’avant-garde. Dans
La Cigale et la fourmi, il y a aussi des décors peints ?
   Dans
La Cigale et la fourmi, il y a du relief et des toiles peintes. Pour Fétiche, il a aussi filmé dans un aquarium.

Quel est le prochain film que vous comptez ressortir ?
   Le prochain programme sera consacré à la série des Fétiche (1933-1937). Dans les années 1930, il s’était engagé à faire un film par an dans cette série.

Un par an… Combien de temps mettait-il pour réaliser un long métrage comme
Le Roman de Renard ?
   Pour
Le Roman de Renard, il y avait cent marionnettes. Il ne les animait évidemment pas toutes en même temps. Il en animait quarante à la fois au plus… Pour faire le scénario, les dessins autour des marionnettes, réaliser les marionnettes, faire les décors, les costumes... Il lui a fallu dix-huit mois. C’est un tour de force extraordinaire.

Question idiote : aimait-il Walt Disney ?
   Certainement. On a aussi eu la télévision très vite. Il y avait beaucoup de films pour enfants. J’ai vu Jiří Trnka à la télé… et aussi à la maison !

Question personnelle : avez-vous aimé
Fantastic Mr. Fox ?
   Bien sûr ! J’adore Wes Anderson ! Et puis, son blaireau… c’est vrai que tous les blaireaux se ressemblent mais dans le sien, il y a un petit quelque chose…

Moi c’est le rat qui m’a plu… On retrouve son côté « mauvais garçon » dans les rats de Starewitch ! Vous n’avez pas de chouchou parmi les cinéastes qui s’inspirent de Starewitch ?
   Non… Quand c’est beau, j’aime ! Je suis une passionnée de cinéma… J’aime bien voir et revoir les films. Maintenant, c’est affolant, ça va trop vite, les films ne restent pas à l’écran…

C’est ce qui est bien avec Starewitch, cette dimension familiale, artisanale. C’est tout le contraire de l’industrie cinématographique telle qu’elle est devenue.
   Tout était calculé, les croquis, les crânes. Son œuvre, c’est toute sa vie… Et aussi celle de ma tante !"

Propos recueillis par Fleur Chevalier le 31 janvier 2011, au cinéma Max Linder (Paris)
Remerciements chaleureux à Léona-Béatrice Martin-Starewitch et Olivier Rinaldi

     Notes :
(1) 1902-1989, auteur, notamment, des allégoriques La Pieuvre (1928) ou Le Vampire (1945).
(2) Lucanus Cervus, 1910.
(3) Sur le Niemen, 1909, son premier film en prise de vue réelle.
(4) Le Miroir de Kovno
(5) Le Lion et le moucheron et Le Lion devenu vieux de 1932.
6) Il s’agit de Crainquebille (1933). Ce film est considéré comme perdu, seule reste la séquence d’animation réalisée par Starewitch, « Le Rêve de Crainquebille ».
(7) Jacques de Baroncelli, 1934.
(8) 1900-1967, artiste allemand émigré aux Etats-Unis pratiquant l’animation image par image, tourné vers l’abstraction rythmique, la couleur, la musique et le bouddhisme. Il réalise, à partir de 1934, quelques publicités pour la marque de cigarette Muratti. Walt Disney s’est largement inspiré de ses recherches pour Fantasia (1940).